LA PAROLE QUI SAUVE

LA PAROLE QUI SAUVE

La femme doit-elle enseigner (prêcher) quand l'Église est assemblée? Une opinion sur la "pastoresse" dans l'Église contemporaine Grégoire D. Doré*

DOSSIERS

 

Dans le cadre du dossier, ''L'église évangélique haïtienne de Montréal, quelle église"? J'émets cette opinion pour déterminer si une femme peut bibliquement être ordonnée pastoresse d'une église mixte. Pour plus de certitude, je rappelle qu'une opinion n'engage que son auteur et comporte une possibilité d'erreurs. Puisqu'un croyant ne discute pas les opinions (Rom. 14:1), ceux et celles qui sont en désaccord avec moi sont libres de soumettre leurs propres opinions pour l'édification, c'est-à-dire l'avancement spirituel de tous. Ceux et celles qui sont d'accord avec moi peuvent réagir même en quelques mots. Je rappelle aux internautes que je suis un théologien protestant conservateur et évangélique. Par conséquent, je n'ai pas le droit d'imposer mon opinion contre l'enseignement clair de la Bible. Je dois dire comme les Romains: La loi est dure, mais c'est la loi (dura lex, sed lex). 

1. La pastoresse dans l'Église contemporaine 

C'est une vérité de la Palice (une vérité bien évidente) que plusieurs femmes sont aujourd'hui pastoresses dans plusieurs dénominations protestantes. Je  connais des pastoresses et j'apprécie leur dévouement dans leur ministère. Mais, puisque je suis un croyant évangélique et un théologien protestant conservateur qui fait de la Bible, lue dans son ensemble, son autorité suprême, je dois me demander si vraiment elle autorise une femme à devenir pastoresse d'une église mixte.  Je prie ceux et celles qui sont en désaccord avec moi de ne pas m'accuser d'être intolérant, si j'arrive à une réponse négative. Ils doivent comprendre que ce n'est pas de chez moi que la parole de Dieu est sortie et ce n'est pas à moi seul qu'elle est parvenue (1 Cor. 14:36). Je dois m'y soumettre et appliquer ce qui est clair. 

Ceci étant dit, je ne veux pas perdre mon temps dans des raisonnements superflus; la seule question que je me pose, c'est de savoir si une femme doit enseigner dans le sens de prêcher quand l'église entière est assemblée. Si elle n'est pas autorisée à le faire à ce moment-là, elle ne peut être ma pastoresse, car la prédication et l'enseignement sont les deux principales tâches d'un pasteur ou évêque, dont le nom générique est l'ancien (1 Tim. 5:17).  

 2. Le passage crucial de ce sujet: 1 Tim 2:11-12 

"Que la femme apprenne en toute soumission. Je ne permets pas à une femme d'enseigner ou d'exercer l'autorité sur l'homme, mais d'être en silence'' (Ma traduction du texte original). L'homme (anér/andros, 435) est ici le sexe masculin ou le mari.    

"Que la femme apprenne dans le silence en toute soumission; mais je ne permets pas à la femme d'enseigner, ni d'user d'autorité sur l'homme; mais elle doit demeurer dans le silence'' (La sainte Bible: Darby).       

"Que la femme écoute l'instruction en silence avec une entière soumission. Je ne permets pas à la femme d'enseigner, ni de prendre de l'autorité sur l'homme; mais elle doit demeurer dans le silence'' (Bible Segond, édition de Genèse, 1979).

Un pasteur est, par le fait même, un enseignant, car il est désigné pasteur-enseignant (docteur) dans Éph. 4:11. Il doit être apte à enseigner (1 Tim. 3:2; 4:13). La prédication et l'enseignement sont les deux principales responsabilités d'un pasteur (1 Tim. 5:17). À première vue, une femme ne peut pas être pastoresse d'une église mixte (pour hommes et femmes), si elle comprend bien 1 Tim. 2:11-12  et si elle se soumet à cet enseignement.  Les internautes sont priés de noter que prêcher et enseigner, dans les épîtres pastorales, ont des sens différents de la culture moderne. Selon les points 10 et 11 ci-dessous, prêcher (kérussô, euangelô) veut dire proclamer, annoncer l'Évangileaux non-croyants (Rom. 16:25; 1 Cor. 1:21); enseigner (didaskalô, 1321) consiste à exhorter les croyants (1 Tim. 4:13).        

Puisqu'un texte sans contexte est un prétexte, examinons le contexte dans lequel cette interdiction a été faite avant de tirer la conclusion finale: Dans les épîtres pastorales (1 Tim., 2 Tim. et Tite) l'apôtre Paul (l'apôtre des païens dans Gal. 2:8) donne, à ses deux délégués apostoliques, des instructions précises sur la manière d'organiser les églises et de choisir des anciens (évêques ou pasteurs) dans ces zones récemment évangélisées. Dans 1 Tim. 2, il donne des instructions sur la prière et sur le rôle des femmes dans l'Église. Au chapitre 3, il établit les qualifications des pasteurs et des diacres qui les assistent. Il dit entre autres que l'évêque doit être mari d'une seule femme (1 Tim. 3:2); ce verset suffit pour exclure les femmes du pastorat. Voici le contexte immédiat du passage crucial:    

"Je veux donc que les hommes prient en tout lieu en élevant des mains pures, sans colère, ni mauvaises pensées. Je veux aussi que les femmes, vêtues d'une manière décente, avec pudeur et modestie, ne se parent ni de tresses, ni d'or, ni de perles, ni d'habits somptueux, mais qu'elles se parent de bonnes œuvres, comme il convient à des femmes qui font profession de servir Dieu" (1 Tim. 2:8-10).    

Le contexte immédiat me permet de dire que l'apôtre donne des instructions pour l'Église en tout lieu, lorsqu'elle se réunit en assemblée pour l'adoration au jour du Seigneur (le dimanche) ou lors des cérémonies spéciales. C'est encore une vérité de la Palice (une vérité bien évidente) qu'on ne peut pas exhorter une femme à ne pas se parer d'or, d'habits somptueux, si ce n'est durant des occasions spéciales. Je peux en conclure que la femme ne doit pas enseigner la Bible dans le sens de prêcher un sermon exégétique ou habituel durant le culte d'adoration et d'autres occasions spéciales, pour la seule raison qu'elle exercerait l'autorité sur le sexe masculin, ce qui est contraire à l'ordre de la création (1 Tim. 2:13).   

L'église est assemblée quand deux ou trois se réunissent au nom de Jésus-Christ (Mat. 18:20). Cela n'a rien à voir avec la formation académique de la femme, même si elle détient un Ph.D. en théologie. Le pasteur est autorisé à prêcher avec autorité, car l'apôtre Paul lui dit: ''Prêche la parole, insiste en toute occasion…. reprends, (réprimande), censure, exhorte avec toute douceur, tout en instruisant'' (2 Tim. 4:2). Des commentateurs disent: 

 ''Il n'y a pas de femmes pastoresses, doctoresses, évangélistes ou anciennes dans le N-Testament. Aucun auteur du N-Testament n'est une femme. Le Nouveau Testament ne mentionne aucun sermon prononcé par une femme (John Mac Arthur, 1Timothée, 85). De la Genèse à l'Apocalypse, il n'y a pas un exemple d'une femme qui publiquement enseigne à un groupe assemblé comme peuple de Dieu (Grudem, EFBT, 82; N. Geisler, Systematic Theology, 4:110).

Une femme ne peut exercer le ministère pastoral; cela est évident, puisqu'un ancien (pasteur) ou un diacre doit être ''mari d'une seule femme'' (Charles Ryrie: ABCTC de théologie chrétienne, 474).  

3. Pourquoi la femme ne doit-elle pas exercer l'autorité sur l'homme?  

''Car Adam a été formé le premier et ensuite Ève. Adam n'a pas été séduit, mais la femme, ayant été séduite, s'est rendue coupable de transgression'' (1 Tim. 2:13-14). 

Je comprends qu'il y a deux raisons à cet effet: (1) L'ordre de la création: Ce n'est pas la femme, mais l'homme (Adam) qui a été créé le premier (Gen. 1:26). Et c'est à Adam que Dieu a donné l'autorité, le leadership sur la création (Gen. 1:28). (2) La deuxième raison, c'est que c'est Ève qui a été séduite et non Adam (Gen. 3:1-6).  Les commentaires lus sur 1 Tim. 2:14 ne me semblent pas concluants. Tirez vos propres conclusions en les lisant.  

4. Quand la femme doit-elle garder le silence total à l'église? 

Avec respect, je soumets que c'est à tort que certains pasteurs se basent notamment sur 1 Tim. 2:11-12 pour interdire à la femme de diriger le culte d'adoration, de faire à l'occasion la prière d'intercession car, selon ce passage, la femme doit garder le silence durant le sermon seulement. De plus, le silence dans les deux versets (ήσυχια= hésuchia, 2271) ne veut pas dire "silence total" sans ouvrir la bouche, mais une attitude disciplinée, paisible, réservée (Ac. 22:2; 1 Thess. 3:12). Lorsque le texte original veut dire silence total dans le sens de se taire, il emploie le verbe sigaô (σιγαω, 4601) comme en Luc 20:26; 1 Cor. 14:28).  Comme membre du sacerdoce royal, la femme peut prier à tout moment (1 Pi. 2:9; Héb 4:14-16).   

Comme il est indiqué en 10 et 11 ci-dessous, la prédication apostolique, basée sur le modèle de Néh. 8:8,  comprend trois éléments: la lecture, l'exhortation et l'enseignement (1 Tim. 4:13). (1) Tout d'abord, le texte biblique choisi pour l'occasion est lu à haute voix devant toute l'assemblée; il y avait même des personnes choisies à cette fin. (2) Le prédicateur exhorte l'assemblée à partir de ce texte et (3) il enseigne sur ce même texte en donnant l'explication de celui-ci. (Steven J. Lawson: Bibliotheca Sacra, 2002: 79-95).       

5. La femme peut prier, diriger le culte d'adoration  

La femme peut certainement prier pendant que l'Église est assemblée, car le même auteur le dit clairement (1 Cor. 11:5), à condition que sa tête soit couverte. L'autorisation paraît  bien normale, car la prière est une intercession, une requête adressée à Dieu. Celui ou celle qui intercède n'exerce aucune autorité sur les hommes dans l'assemblée. Il s'ensuit qu'elle peut aussi diriger le culte d'adoration, car elle n'exerce aucune autorité sur les hommes.  

Entendons-nous là-dessus: C'est le prédicateur qui exerce l'autorité. C'est lui qui est autorisé à réprimander, censurer, exhorter (2 Tim. 4:2). Dans 1 Tim. 2:11-12, la femme doit garder le silence, c'est-à-dire une attitude disciplinée, paisible durant l'enseignement (le sermon) comme je l'ai déjà dit. Dans 1 Cor. 14:34, elles ne doivent pas déranger l'assemblée en parlant à leur mari selon le contexte qui se lit ainsi dans le texte original:  

''Que vos femmes se taisent durant les assemblées, car il ne leur est pas permis d'y parler, mais qu'elles soient soumises, comme le dit la loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque chose, qu'elles interrogent leur mari à la maison, car c'est une honte pour une femme de parler dans l'Église'' (1 Cor. 14:34-35).  

Si l'intention de Paul était d'interdire à la femme de parler durant l'assemblée jusqu'à dire que c'est une honte de le faire, il se serait contredit, car il a dit le contraire dans 1 Cor. 11:5 et 1 Cor. 14:26 que nous venons de citer. Par ailleurs, comment ces femmes, qui avaient des églises dans leur propre maison, ne pouvaient-elles pas parler chez elles? (Prisca dans Rom. 16:5,  1 Cor. 16:15, Nymphas dans Col. 4:15).  Je soumets qu'il faut interpréter le passage dan son contexte immédiat pour résoudre cette apparente contradiction. Puisque Paul demande à ces femmes d'interroger leur mari à la maison (1 Cor. 14:35), il est permis de croire qu'elles avaient l'habitude de déranger le service en posant des questions, soit à leur mari, soit à d'autres personnes, comme si elles étaient dans une étude biblique ordinaire.  

Pour éviter tout désordre, Paul dit que cela ne doit pas se faire (1 Cor. 14:33, 40). S'il y a des choses qu'elles ne comprennent pas, qu'elles interrogent leur mari à la maison. Le fait que Paul emploie le verbe laleô  (2980) dans le sens de dire une parole quelconque au lieu du verbe legô, (3004) dans le sens de parler, discourir peut aussi être une indication que les questions posées étaient plutôt vagues. J'approuve les commentaires qui suivent:   

''1 Cor. 14:34-35 doit être interprété à la lumière de 1 Cor. 11:5 où il est clair que Paul permet à la femme de prier et de prophétiser, à condition qu'elle soit voilée. Cette interdiction peut se référer au parler en langues ou que les femmes ne sont pas autorisées à poser des questions et à parler à leurs maris durant le service'' (Nelson: New King Version Commentary, 1494; Walvoord & Zuck: Bible Knowledge Commentary, New Testament,  541).  

6. La femme peut-elle prêcher en d'autres occasions? 

Dans le contexte de 1 Tim. 2:12, je soumets que l'enseignement biblique est plutôt la prédication de la parole (le sermon) du haut de la chaire quand l'église est assemblée. En cette occasion, le pasteur, qui connaît bien son troupeau, peut exercer son autorité en exhortant, censurant, réprimandant (2 Tim. 4:2). Ce sermon peut être une exhortation habituelle ou une exposition (explication) d'un passage biblique de la manière que cela se faisait dans Néhémie: Chacun restait à sa place; ils (les Lévites) lisaient distinctement dans le livre de la loi de Dieu et ils en donnaient le sens pour faire comprendre ce qu'ils avaient lu (Né. 8:7-8).    

 Dans les réunions de prière, les rencontres pour femmes, je suis d'avis que la femme peut enseigner dans le sens d'exhorter (encourager). Dans ces cas, elle n'exerce pas vraiment l'autorité sur les hommes, car elle ne peut pas reprendre, (réprimander), censurer dans le sens de 2 Tim. 4:2. Une croyante ou un croyant peut exhorter selon ses capacités (Rom. 12:8).  Je suis bien à l'aise avec cette citation de Luther Martin:  

''Par l'apôtre Paul, le Saint-Esprit lui-même détermine le rôle que les femmes peuvent jouer dans le service d'adoration: Elles doivent garder le silence, c'est-à-dire qu'elles ne doivent pas prêcher… Pour le reste, les femmes peuvent et devraient prier, chanter, louer, dire ''Amen'',  lire, enseigner les unes les autres dans les maisons, exhorter, réconforter et aussi expliquer les Saintes Écritures aussi bien qu'elles le peuvent" (ma traduction dans: Women and the Word of God: Suzan Foth, 252).     

7. La femme peut-elle enseigner des doctrines? 

Dans toutes les occasions où la femme n'exerce pas l'autorité sur l'Église réunie en assemblée, je suis d'avis que l'interdiction d'enseigner ne s'applique pas. Voici des exemples:  (1) Les femmes plus âgées sont exhortées à enseigner aux jeunes femmes (Tite 2:3-5); (2) Aquilas et sa femme Priscille ont enseigné les doctrines de base à Apollos (Ac. 18:26) qui est plus tard devenu un compagnon de ministère très efficace avec Paul, si vrai que cela commença à créer des divisions à l'église de Corinthe (1 Cor. 3:3-8).  (3) La femme peut aussi enseigner à l'école du dimanche, comme Priscille enseigna à Apollos, etc. (4) Paul lui-même reconnut que Timothée a appris les saintes Écritures de sa mère, Eunice et de sa grand-mère, Loïs (2 Tim. 1:5; 2 Tim. 3:15).  La femme joue un rôle important dans l'éducation des enfants.   

8. La femme peut-elle être évangéliste?  

Je n'ai aucune objection à cela, à condition que son ministère soit vraiment l'évangélisation (euangelion, 2098), c'est-à-dire la proclamation de la bonne nouvelle du salut aux non-croyants. Même le pasteur, qui est aussi évangéliste (2 Tim. 4:5),  n'exerce aucune autorité sur les non-croyants. Toutefois, il faut s'assurer que cette évangéliste ne soit pas une prédicatrice itinérante qui se promène d'église en église chaque dimanche pour prêcher à la place de certains pasteurs pour des raisons que j'ignore, comme cela se fait de nos jours.   

Je dois dire que, selon moi, il y a deux types d'évangéliste: (1) L'évangéliste missionnaire (Éph. 4:11) qui est en général envoyé par son église (Ac. 13) à laquelle il fait rapport à son retour (Ac. 14:26-27). (2) Il y a aussi l'évangéliste local qui est un ministère de tous les croyants, car nous avons tous l'obligation d'aller et de faire d'autres disciples (Mat. 28:19; Ac. 1:8). Je distingue la prédication (exhortation) adressée aux croyants (1 Tim. 4:13) de la prédication (proclamation du salut aux non-croyants: 1 Cor. 1:21). Je répète que le prédicateur, qu'il soit pasteur ou évangéliste, ne peut exercer l'autorité sur les non-croyants.   

9. La soumission n'est pas contraire à l'égalité  

L'homme et la femme sont créés à l'image de Dieu (Gen. 1:26-27). Ils sont spirituellement égaux devant Dieu. L'image de Dieu en tout être humain lui donne une personnalité. Le même apôtre, qui dit que la femme ne peut enseigner pendant que l'église est assemblée, dit aussi: ''Il n'y a plus ni Juif, ni Grec; il n'y a plus ni esclave, ni libre. Il n'y a plus ni homme, ni femme, car vous êtes un en Jésus-Christ'' (Gal. 3:28; 1 Cor. 12:13). On dirait qu'il se contredit, mais il faut plutôt comprendre que l'égalité devant Dieu comme être humain, comme frères et sœurs dans la foi, n'empêche pas la soumission, qui est une question de rang et non d'infériorité. Même Christ est soumis à Dieu le Père, car Paul dit:  

(a) ''Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l'homme est le chef de la femme et que Dieu est le chef de Christ (1 Cor. 11:3). (b) Christ lui-même a admis que le Père est hiérarchiquement plus grand que lui en disant: ''Mon Père est plus grand que moi'' (Jn 14:28). Le Saint-Esprit est subordonné à Christ qui l'envoie (Jn 15:26; 16:7, 16:13).    

10. Le sermon versus la prédication  

(1) Le sermon: Je ne trouve pas ce mot dans la Bible ou dans une concordance. Ce n'est donc pas un terme biblique, mais théologique. Ce mot vient du latin ''sermo'' (conversation) vers le Xe siècle. Il veut dire: Discours prononcé en chaire par un prédicateur (en particulier, catholique). Sermon= homélie, prêche, prédication (Petit Robert 2007).  

(2) La prédication (ευαγγελιον, euangelion, 2098; κηρυγμα, kérugma, 2782) est la proclamation de la bonne nouvelle (l'Évangile). Dans ce sens, la prédication est l'évangélisation des non-croyants; elle consiste à proclamer l'Évangile, c'est-à-dire la bonne nouvelle de la mort de Christ pour nos péchés selon les Écritures et de sa résurrection le troisième jour selon les Écritures (1 Cor. 15:1-4) avec une invitation d'accepter Christ pour le pardon de nos péchés (Ac. 14:30-31; Rom. 10:9-10; 10:13-17). Comme on peut le voir, il y a deux mots grecs pour la prédication: euangelion et kérugma. C'est dans ce sens que Paul dit:  

''Car, puisque le monde, par sa sagesse, n'a point connu Dieu, il a plu à Dieu dans sa sagesse de sauver le monde par la folie de la prédication (kérugma: 1 Cor. 1:21). Il prononça ainsi une bénédiction: ''À celui qui peut vous affermir selon mon Évangile (euangelion) et la prédication (kérugma) de Jésus-Christ… (Rom. 16:25). Par exception, prêcher la parole: kérussô ton logon (κηρυσσω, kérussô, 2784) est employé dans le sens de réprimander, censurer, exhorter les croyants (2 Tim. 4:2).   

(3) Annoncer publiquement (καταγγελλω, katangellô, 2605) est souvent employé dans les Actes comme synonyme d'évangéliser, de proclamer la bonne nouvelle du salut aux non-croyants (Ac. 17:3, 13, 23; 1 Cor. 2:1; Col. 1:28).   

11. La prédication apostolique= lecture, exhortation, enseignement   

Comme nous venons de le voir, le Nouveau Testament emploie rarement le mot ''prédication'' dans le sens moderne d'un sermon piquant adressé aux croyants durant le culte d'adoration ou en d'autres occasions. L'une des rares exceptions que j'ai pu voir, c'est 2 Tim. 4:2 où Paul s'adresse clairement aux croyants. L'exhortation et l'enseignement étaient la norme pour les croyants. Paul dit à Timothée: ''Jusqu'à ce que je vienne, applique-toi à la lecture, à l'exhortation et à l'enseignement'' (1 Tim. 4:13). Je comprends ainsi ces termes:  

(1) La lecture (αναγνωσις, anagnôsis, 320) est, dans ce contexte, la lecture faite durant le culte d'adoration juste avant l'exhortation et l'enseignement. C'est le texte de base du prédicateur. Ce modèle vient du livre de Néhémie qui se lit ainsi:  

''Les lévites expliquaient la loi au peuple et chacun restait à sa place. Ils lisaient distinctement dans le livre de la loi de Dieu, et ils en donnaient le sens pour faire comprendre ce qu'ils avaient lu'' (Né. 8:8).  

Les théologiens comme Calvin, MacArthur appellent cela ''la prédication sous forme d'exposition'' (Expository preaching). La seule différence que je vois avec une étude biblique, c'est que les croyants ne sont pas autorisés à poser des questions (1 Cor. 14:33-40; 1 Tim. 2:11-12). Le prédicateur interprète le passage lu et il exhorte à le mettre en pratique.        

(2) L'exhortation (paraklésis, 3874) est avant tout l'encouragement à faire ou à ne pas faire. Elle prend une connotation négative quand le prédicateur s'en sert pour reprendre, censurer l'assemblée. Mais, en harmonie avec Ac. 13:15, l'exhortation consiste à encourager les croyants à appliquer la parole lue dans leur vie (Jac. 1:22-25) Dans certains cas, le texte lu peut conduire à la réprimande et la censure en toute douceur (2 Tim. 4:2).  

L'abandon de l'exhortation à partir de la Bible même fait en sorte que la maturité spirituelle des membres de l'Église moderne, s'il devait en avoir une, soit déficiente, au point qu'ils se laissent facilement emporter par tout vent de fausses doctrines des apostats (Éph. 4:13-14). Alors que le texte de base devait comprendre plusieurs versets pour bien situer le contexte, il y a des prédicateurs, qui se contentent d'un seul verset, et parfois même d'un seul mot. Dans un tel cas, l'observateur se demande: Où vont-ils trouver le contexte pour bien interpréter le passage? Selon les experts, il s'agit de sermonettes pour amuser, détendre  l'assemblée et non de l'exhortation pour l'application dans la vie des croyants.    

(3) L'enseignement (διδασκαλια, didaskalia, 1319) dans 1 Tim. 2:12, 4:13 désigne l'explication systématique du texte qui a été lu en vue de son application. La lecture en public, l'exhortation et l'explication de la parole résident dans le cœur même du culte d'adoration (Steven Lawson dans Bibliotheca Sacra: 2002, pp. 79-95).  Un commentateur dit: 

Les pasteurs devraient donner une exégèse verset par verset des livres de la bible et, en particulier, ceux du Nouveau Testament. Pour éviter la routine, ils pourraient de temps à autre prêcher un sujet bien spécifique ou une doctrine en particulier. Ils devraient vérifier la profondeur doctrinale de leur présentation. Beaucoup de pasteurs se contentent de donner des sermonettes, qui sont en fait de petites dévotions, longues en émotion, mais vides en substance. Ils confondent les grands cris avec la prédication; ils confondent l'enseignement, qui s'adresse aux croyants avec la prédication, qui s'adresse aux non-croyants (Mal Couch: A Pastor's Manuel on doing the Church, 2002, pp. 134-135).   

Pour distinguer la prédication de l'enseignement, cet auteur dit encore:  

Le terme biblique le plus commun pour désigner le verbe prêcher est kérussô (2784) dans le sens de proclamer. On peut soutenir que prêcher et les termes connexes nous disent ce qui devrait être fait dans les confins (limites) de l'église locale. Un survol de l'usage indique que prêcher réfère le plus souvent à la proclamation de l'Évangile aux non-croyants, tandis qu'enseigner se fait pour édifier et amener les croyants à la maturité spirituelle.

Plusieurs pasteurs disent encore qu'ils devraient prêcher le dimanche et que l'enseignement est réservé à l'heure de l'école du dimanche. Le plus souvent, quand ces pasteurs disent de prêcher, ils réfèrent à un style de sermon émotif, énergique et flamboyant.  Hurler et crier à tue-tête accompagnent cette approche. Plusieurs pasteurs croient que prêcher et enseigner sont synonymes, mais plusieurs passages bibliques disent le contraire. Les deux termes sont distincts (1 Tim. 5:17).  La prédication (kérugma) est généralement l'évangélisation, comme on le voit dans Ac. 17; 1 Cor. 16:25 et autres passages du Nouveau Testament (Mal Couch, cité plus haut, p. 119).        

* L'auteur est détenteur d'un Ph. D (Bible & Theology) de Louisiana Baptist University

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24/09/2012
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